Environnements durables et transitions

Notre Université souhaite ériger la thématique des transitions socio-écologiques en principe cardinal de nos actions et y adjoindre une vice-présidence dédiée. L’Université d’Angers doit jouer un rôle majeur auprès de ses acteurs et de ses partenaires, à l’échelle de ses territoires.  Ces relations avec les acteurs de son territoire sont autant d’opportunités pour nos formations, nos laboratoires de recherche, nos étudiants. L’Université d’Angers doit être plus présente, plus active et surtout mieux représentée dans toutes ses diversités. L’Université doit s’honorer d’être multiple et diverse : ses composantes doivent aussi avoir la possibilité de la représenter. En tant qu’organisme de formation, nous nous devons d’être exemplaires en intégrant les enjeux environnementaux dans notre fonctionnement, dans nos prises de décision et bien évidemment dans la formation de tous les étudiants.

Au-delà des pratiques bien établies et acceptées telles que le tri et la réduction des déchets, l’intégration de critères environnementaux dans les marchés publics, et les économies d’énergie, l’engagement de l’université dans la transition écologique nécessite une réflexion globale. Il s’agit de réfléchir, avec les personnels et les étudiants, à un plan d’action « Transitions socio-écologiques » transversal à l’ensemble des UFR, laboratoires, SFR, services et directions de l’université d’Angers. Ce plan d’action pourra reposer sur l’accord de Grenoble rédigé par la Convention pour la Transition de l’Enseignement Supérieur (CTES), anciennement « COP 2 »1. Notre Université devra réfléchir à la signature de cette convention d’engagement pour des transitions « socio-écologiques » que nous appelons de nos vœux. 

Les modalités d’application de ces transitions devront cependant rester la prérogative de l’université et de ses composantes.

Le terme « transition » vise la transformation de notre manière de travailler et de vivre ensemble à l’université, prenant mieux en compte les enjeux environnementaux, climatiques et sociétaux, mais aussi organisationnels, pédagogiques et scientifiques. Le terme « transversal » apporte une autre dimension à l’expression « transitions socio-écologiques ».

1 Le texte de cette convention est disponible ici : https://la-ctes.org/wp-content/uploads/2022/01/CTES_Accord_de_Grenoble.pdf

1. Au niveau du fonctionnement de l’établissement et de sa gouvernance  

Deux principes marquent les actions en matière de Développement Durable et de Responsabilité Sociale (DDRS) : le droit à l’information sur les décisions prises et le principe de participation au processus décisionnel. Ces deux principes permettent de construire une gouvernance de l’Université conforme et cohérente avec le principe de durabilité. 

Il s’agit aussi de décentraliser l’action, en redonnant de l’autonomie et en réduisant le nombre de maillons qui composent la chaîne hiérarchique de décisions. Ces économies d’énergie, au sens large du terme, visent ainsi l’allégement de certaines tâches, la réduction des réunions et des déplacements, la simplification de nos procédures et une attention prêtée au temps

C’est en recherchant la parité, l’égalité et l’équité tout en respectant les diversités, entre les personnes, entre les structures, entre les générations, dans le cadre d’une approche humaine, sociale et éthique, que l’université pourra réussir ses transitions vers un environnement soutenable. 

Il faut repenser le modèle de gouvernance dans notre établissement, et mettre en place un pilotage plus transversal impliquant autrement les communautés étudiantes ou des personnels (favoriser la participation pour susciter l’adhésion). Une équipe de direction plus resserrée est aussi un moyen de travailler davantage en proximité et en complémentarités, et de réduire les pertes de temps, d’énergie et de sens. 

Il est également important que les questions relatives au DDRS ne soient pas uniquement l’affaire d’un vice-président mais qu’elles soient appliquées par tous, et par exemple au niveau de notre stratégie internationale. Si les échanges et collaborations internationales restent un pilier majeur de notre université, leurs impacts environnementaux doivent être évalués et une réflexion collective doit être menée sur les règles que nous souhaitons voir appliquées en matière de mode de transport, de durée minimale sur place selon la distance parcourue, etc.

Quelques actions :

  • Intégrer une approche de Développement Durable pour toutes nos activités (achats, déchets, indicateurs de performance environnementale, bilan carbone, consommation de ressources…) 
  • Proposer aux personnels et étudiants des solutions en termes de développement soutenable (exemple : covoiturage, mode de mobilité durable, mode d’alimentation, mode de consommation).
  • Avoir une approche globale du développement durable prenant en compte les contraintes environnementales, juridiques, sociales et économiques, afin de ne pas mettre en difficulté les générations futures.

Les objectifs de Notre Université en matière de « transitions socio-écologiques » peuvent être déclinés à plusieurs niveaux sous la forme de trois catégories complémentaires d’actions de soutien du Développement Durable et de la Responsabilité Sociale (DDRS) : des actions sur les campus et dans les composantes de l’établissement, des actions en matière de formation, de diffusion et de valorisation des connaissances sur le développement durable, et des actions en matière de recherche. 

1 Le texte de cette convention est disponible ici : https://la-ctes.org/wp-content/uploads/2022/01/CTES_Accord_de_Grenoble.pdf

2. À l’échelle de nos campus et composantes

Notre Université encouragera une politique de réduction de la consommation des ressources, des atteintes à l’environnement, des impacts du numérique (multiplication des équipements, consommations d’énergie et de matières premières, pollutions, production de déchets). Nous développerons une politique en faveur de la biodiversité, avec une gestion écologique de nos espaces verts. Nous favoriserons le développement durable dans des achats respectueux de l’environnement et privilégiant les fournisseurs locaux et les circuits courts. Nous créerons également un service de réparation pour les matériels des laboratoires.

La politique immobilière visera à amplifier les économies et la production d’énergie : isolation thermique des bâtiments, systèmes de chauffage économes, la couverture de nos toits par des panneaux solaires. Un système de récupération des eaux pluviales permettrait également d’arroser la serre à Belle-Beille. Nous poursuivrons la politique de transport par la promotion du co-voiturage et des mobilités douces (parkings sécurisés pour trottinettes et vélos bornes de rechargement). La politique anti – déchet, y compris dans le domaine du numérique (taille des espaces de stockage, durée de conservation des documents sur les « clouds »…), sera elle aussi amplifiée. Des actions de sensibilisation et d’incitations douces seront proposées auprès des personnels et des étudiants.

Ce sont les étudiants, leurs associations et syndicats, qui font le dynamisme d’un campus ou d’une Faculté, Ecole ou Institut. Les actions qu’ils initient et qu’ils portent démontrent leurs engagements pour l’université, dans leur composante ou leur formation. Il est juste de valoriser, sous une forme ou une autre, pédagogique ou symbolique, leurs engagements. 

3. À l’échelle de nos formations

Réussir la transition pédagogique, c’est promouvoir une « écologie de l’attention ». Nous méritons tous de recevoir de l’attention d’autrui ou de soi-même, mais nous devons également « produire de l’attention », c’est-à-dire être attentifs et attentionnés vis-à-vis des étudiants, des collègues, des équipements et de notre environnement. Faire attention est le seul moyen d’articuler entre elles les transitions écologiques nécessaires à nos environnements professionnels.

Parallèlement, il est primordial que nos étudiants acquièrent les savoirs et les compétences adaptés à une transformation globale et durable de la société, plus respectueuse de l’environnement et de la personne humaine, plus juste et équitable. Il faudra alors organiser la réflexion, dans les conseils de département et d’UFR, et dans les conseils centraux, à propos des enseignements DDRS en premier cycle : faut-il des enseignements disciplinaires différents d’une formation à l’autre, ou bien faut-il des enseignements identiques et transversaux ? En outre, les enseignement DDRS ne doivent pas être vus comme des nouvelles matières ou unités d’enseignement, mais chaque matière doit être étudiée en ayant le prisme DDRS en tête. Par exemple, dans un cours de marketing, faire le lien avec l’obsolescence programmée. Dans un cours sur un langage informatique, faire le lien avec les poids de stockage sur les serveurs selon le langage utilisé, dans un cours sur les tensioactifs pour faire des crèmes, évoquer leur diffusion dans l’environnement, etc. Cela devra passer par la proposition de formations spécifiques dans leur thématique pour les enseignants. 

Il ne s’agit pas seulement d’intégrer les problématiques écologiques de manière transversale dans les cursus, quelle que soit la filière, ou bien encore d’encourager les initiatives en faveur du développement durable, mais également de permettre à chacun d’acquérir les capacités de réflexion et de compréhension de ces enjeux en diffusant dans les formations les résultats des travaux obtenus dans la recherche et l’innovation sur le développement durable.

Nous souhaitons ainsi créer une Maison de l’Université, observatoire de la vie étudiante qui permettrait un travail collectif et commun entre des étudiants et des enseignants-chercheurs dans le cadre des formations et des thématiques de recherche sur le bien-être et les cadres de vie des étudiants, pour faire travailler ensemble les étudiants et les chercheurs sur ces questions environnementales et des transitions.

4. À l’échelle de la recherche

L’université se doit d’avoir de grandes ambitions collectives sur le plan scientifique : elle doit porter des programmes de recherche importants, utiles à la société, mais aussi de permettre la progression durable de toutes les équipes, de la plus modeste à la plus productive en termes de publications et d’impacts économiques sur le territoire. Notre Université s’engage ainsi à poursuivre les thématiques reconnues (EUR, poursuite des RFI, des Paris scientifiques et des programmes importants…), à définir de manière concertée de nouvelles thématiques d’excellence et à donner les conditions à toutes les unités de recherche de se développer à leurs rythmes et selon leurs moyens. Une transition scientifique réussie permettra de créer et de transmettre des savoirs et des connaissances dans une alliance renforcée et durable entre formations et recherches. Recherche fondamentale, appliquée, clinique ou préclinique, disciplinaire ou interdisciplinaire, toutes les formes de recherche sont importantes et doivent être diffusées. 

Il s’agit par conséquent de faire travailler ensemble des chercheurs et des étudiants de disciplines différentes, mais aussi les responsables politiques, les entreprises, les associations, sur des thématiques utiles à la société et définies collectivement. Ces regards croisés permettront de favoriser les projets interdisciplinaires sur le sujet du développement durable, et pourraient permettre de redéfinir, si besoin, les périmètres des SFR et d’inclure les enjeux environnementaux et sociétaux dans les activités de recherche, d’innovation et d’entrepreneuriat comme véritable objectif scientifique.

En diffusant largement les résultats de la recherche sur le développement durable et dans le domaine du numérique (santé numérique, IA, cybersécurité…), et en recherchant des partenariats pour développer les résultats obtenus, l’Université pourra proposer des solutions aux différents enjeux du développement soutenable.

L’université de demain, telle que nous l’anticipons et l’espérons, sera celle qui réussira ces transitions écologiques, organisationnelles, scientifiques et pédagogiques. Elle devra s’engager et décider en prenant en compte la dimension financière, mais également des impacts non monétaires. Une Université, la nôtre, humaine et éthique, qui travaille pour ses étudiants, ses personnels et son environnement. Ces transitions qui conduiront notre établissement à s’engager sur des actions porteuses de sens, convergent avec le souci apporté à la qualité de vie à l’université.